La ballade devient possible

par silenceonmange

La Ballade de l’impossible, Tran Anh Hung (2011)

L’écrivain japonais Haruki Murakami, dont le succès en France va grandissant depuis la parution de Kafka sur le rivage il y a déjà plusieurs années, est peu adapté au cinéma alors que ses livres à la poésie évocatrice s’y prêteraient plutôt bien. C’est pourquoi la sortie de La Ballade de l’impossible, adapté du roman du même nom par Tran Anh Hung est une très bonne nouvelle, pour les fans et les autres.

L’envie de réaliser une adaptation de La Ballade de l’impossible est née chez Tran Anh Hung dès la première lecture du roman en 1994. L’auteur, Haruki Murakami, est plutôt réfractaire aux adaptations cinématographiques de ses romans, ce qui n’a pas découragé le réalisateur. L’auteur a fini par donner son feu vert il y a 5 ans, mais seulement après avoir lu le scénario. Le film, comme le livre, se déroule au Japon à la fin des années 60. A Kobe, Watanabe est le meilleur ami de Kizuki qui sort avec son amie d’enfance Naoko. Lorsque Kizuki se suicide, Watanabe décide de poursuivre ses études à Tokyo. Il y retrouve par hasard Naoko, encore fragile et solitaire. Avant qu’une histoire puisse naître entre eux, elle s’enfuit et se réfugie dans une maison de repos. Quand elle reprend contact avec Watanabe, celui-ci est partagé entre elle et Midori, une fille drôle et pleine de vie qu’il vient de rencontrer.

Tran Han Hung restitue l’univers désenchanté qui a fait le succès d’Haruki Murakami, mis en valeur par le décalage entre les violents mouvements étudiants et l’errance de Watanabe. En plus d’une photographie très soignée (par Mark Lee Ping-bin, à qui l’on doit aussi celle de In the Mood for Love), une bande-originale envoutante de Jonny Greenwood ( There will be blood), la beauté plastique du film est accentuée par celle des acteurs, dont beaucoup ont débuté dans le mannequinat et possèdent cette aura propre aux mannequins.

Restituer la douceur lente caractéristique d’Haruki Murakami était délicat et pourtant le défi est relevé. La poésie du texte est traduite en image avec beaucoup de délicatesse, sans trop tomber dans des longueurs, malgré les 2h15 de film. Seul reproche possible, à trop vouloir être fidèle à l’esprit du texte, on pourrait se demander pourquoi faire un film quand le livre existe déjà. Pourtant le film a un charme qui lui est propre, difficile à expliquer mais bien réel et saura sûrement séduire aussi bien les inconditionnels de l’écrivain japonais que ceux qui n’ont pas la chance de l’avoir lu.